mercredi 29 octobre 2008

OuBaPo Opus #2

Avant de commencer à lire cette œuvre, un petit peu d'information...Ça me fait penser un peu au livre Exercices de Style de Queneau {et évidemment, c'est lui qui a commencé le projet sur lequel celui-ci est basé}.

Même la page de titre est un exercice!

Comme il y a beaucoup d'exercices dans cette œuvre, je vais commenter sur quelques uns et non tous.

1ère Partie: Contraintes Génératrices: Applications

Dans la première petite BD, Midi/Minuit, François Ayroles montre les cases deux par deux, l'un qui montre une scène à midi, l'autre qui montre le même endroit à minuit, quelquefois avec des personnages différents, quelquefois avec les mêmes personnages. Il change aussi une petite chose; par exemple, dans le deuxième strip, le patron du café se trouve dans la case, puis il n'est pas dans la case mais dans le hors-champ. J'aime le troisième strip parce qu'il montre les différents points de vue des deux personnages qui se passent, et nous voyons que chacun pense la même chose à propos l'autre. Nous suivons alors les mêmes personnages et ce qui se passe dans leur vie à la fois, certains à midi, certains à minuit. Leur vie se croise, et on nous donne donc beaucoup de personnages qui ne sauront jamais leurs rapports, un peu comme le film "Crash" ou "Love Actually". Bien que nous sachons ça, Ayroles nous met quelques indices aussi, comme les émissions de la radio qu'on écoute au café sur la première planche et chez le type qui fait les cent pas sur la troisième.

Oh là, les planches de la BD pluri-lecturables me donne un petit mal à la tête...Elles fonctionnent sur l'ambiguïté, évidemment. Il ne me surprend pas du tout que Lewis Trondheim aime pratiquer cette sorte de sadisme, mais j'aime la case dans laquelle le petit cochon {je pense?} parle de son « stature » en se trouvant à côté d'une salière qui est plus grande que lui, une échelle qui nous montre qu'il est, en fait, petit. Et à la fin de la BD d'Étienne Lécroart, l'affaire est littéralement bouclée, car les cases répètent, créant une sorte de boucle.

La consécution aléatoire d'Ayroles est même pire que les planches pluri-lecturables!

Malheureusement, c'est bien difficile de lire les BDs qu'il faut plier ou tourner sur l'ordinateur. HA - tu as peur que je t'encule...nom de dieu. Le changement de sens est...ben, vraiment un changement. L'ambiguïté et les allusions grivoises sont bien utiles...








La BD aveugle emploie le hors-champ et la direction d'où viennent les bulles pour nous montrer un dialogue entre quatre personnages. De plus, le blasphème est très marrant et j'aime le jeu de philosophie où Dieu met en doute l'existence de l'homme.

2ème partie: Contraintes Transformatrices: Applications



Dans un sens, ce premier exercice s'agit des cases productives; on garde l'organisation des cases et l'histoire suit. C'est intéressant de voir les différents strips d'indications; j'aime beaucoup celui qui parle du terrorisme.




La combinaison de personnages dans Little Nemo in Schuiten&PeetersLand est un peu comme l'apparence de la fée bleue ou Batman dans Monsieur Ferraille. C'est un très bon exercice de faire se rencontrer deux personnages d'oeuvres différentes, l'un avec l'autre; nous faisons ça quelquefois dans le théâtre afin de nous préparer pour la répétition d'une pièce, mais d'habitude c'est l'improvisation, et je pense que cette BD emprunte les mots originaux des personnages, parce que leurs intéractions sont un peu maladroites.




Pour Ma vacance d'OuBaPo d'Anne Baraou, c'est presque post-moderne de faire un exercice sur l'oeuvre de ses collègues de l'OuBaPo. De plus, elle parle de l'OuBaPo et d'adapter son scénario à n'importe quel oubapien. Certaines cases ont des liens curieux avec le scénario, comme celle dans laquelle elle parle d'être "hors jeu" - on utilise l'espace négative pour montrer que le personnage est figurativement coupé de la scène. Et j'adore celle où elle répète les mots de la case à propos les moustiques.




Un film très post-moderne et sous-estimé...



Sur la planche 42, on joue avec le fait que personne ne sait le vrai "origine" de la BD, et utilise un peu d'auto-référentialité en faisant un "zoom out" sur Spirou.

La BD des planches 43 à 50 se moque de la BD mal dessinée et les stéréotypes, par exemple avec "Tu ne supportes pas de représenter le cliché du couple où la femme sert et l'homme lit le journal". Il y avait aussi le petit moment avec le téléphone qui sonnait "après" qu'on l'a annoncé dans la même case, jouant sur l'idée de l'ordre dans une case et comment on la lit.


Voici l'originel Sudor Sudaca, sur lequel est basé le prochain exercice où on essaie de changer le style aussitôt que possible. On l'a vraiment changé, comme nous pouvons voir; la profondeur a nottamment disparu, par exemple.



Je pense que j'ai commenté sur l'essentiel; le reste de cette BD est encore plus d'exercices.

mardi 21 octobre 2008

Lisa Mandel

Nini Patalo

Comme vous avez dit afin de vous moquer de ceux qui ont essayé d'écrire l'opinion que vous voulez lire, je dis « C'était un truc formidable! », mais cette fois c'est vrai. J'ai éclaté de rire en le lisant, et ça m'a surprise puisque c'est une BD pour les enfants.

Mais ce n'est pas tout à fait pour les enfants. Il y a beaucoup pour faire rire aux enfants, comme les intrigues, les petites aventures de Nini, des images et l'idée d'un canard en peluche qui parle, ou des mini-pingouins qui nettoient le frigo. Il y a les phrases qu'entendent les enfants de leurs propres parents, comme « Tu regardes un peu trop la télévision », et « Enfin, Nini! ». Les épisodes sont courts, pour que les enfants comprennent sans devoir se souvenir d'un grand intrigue. Et ils sont sûrement amusés en imaginant un monde sans parents, où ils ne doivent écouter personne. Surtout, le humour est basé sur tout ce dont on ne s'attend pas, comme un homme des cavernes qui s'appelle Jean-Pierre, et ce technique souvent suivi pour créer la comédie plaît aux enfants...mais ce n'est pas eux qui peuvent apprécier une grande partie de l'humour.

Comme avec les Muppets, il y a beaucoup de blagues pour les adultes dont les enfants ne s'aperçoivent pas.



Voici un sketch assez drôle avec Julie Andrews...qui est rendu beaucoup plus drôle pour les adultes par le fait qu'Andrews se moque de son propre rôle dans le film "The Sound of Music".

Dans Nini Patalo, il y a plusieurs blagues qui fonctionnent comme ça. Par exemple:
- l'ironie que Jean-Pierre devient une sorte de père pour Nini, lui disant des choses comme « fabriquer un dard avec un aiguille à tricoter? Qu'est-ce qui t'a prise? »
- le « running gag » de l'histoire du W.C. qui se moque des films d'horreur typiques et qui manifestent les points de vue différents des personnages d'eux-même et des autres
- la « grève générale » des pingouins qui se moque, bien sûr, de la main-d'œuvre française
- le feuilleton que regardent les pingouins dans le frigo
etc.

À propos le style de dessin, le trait est assez simple et clair et les couleurs vives, avec un petit peu d'ombre, donc, les images sont toujours faciles à suivre.

Et tout finit avec la conclusion de l'histoire du W.C., un peu comme un numéro d'un comique qui se termine avec une référence à une blague qu'on a fait tout à l'heure.

Pour les questions, je voudrais demander à Lisa Mandel ce qui sont ses inspirations {à part celle d'André, parce qu'elle a écrit que c'est son frère}. Est-ce que Nini ressemble à la petite Lisa Mandel? Ou est-ce que Lisa rêvait d'être comme ça? D'où vient les idées en général pour cette BD?


Esthétique et filatures

Encore, j'adore cette BD. Je pense à l'acheter comme cadeau pour quelqu'un de chez moi, mais je n'arrive pas à penser à quelqu'un qui les aimerait ET qui comprend le français...donc, je devrai les acheter pour moi. Dommage :P

Les couleurs noir et blanc va très bien avec l'idée d'une BD « policier » comme vous avez dit. Le noir s'emploie pour les ombres et la profondeur, et le trait est assez clair et épais avec quelques hachures. Les personnages ne sont pas idéalisés - ils ressemblent aux vrais humains, et donc ils ne sont pas toujours jolis, un style très réaliste. Les cases sont moitié conventionnelles et moitié rhétoriques; par exemple, il y a parfois des très grandes cases qui prennent une planche ou deux pour montrer les scènes très importantes où nous voyons les rapports entre les personnages - je trouve que cette BD s'occupe beaucoup de la caractérisation des personnages, aussi important que soit l'intrigue. Les grandes cases sont comme des tableaux, d'où nous pouvons tirer une histoire toute entière et sur lesquelles nous nous arrêtons pour les examiner, pendant autant de temps qu'il prendrait pour lire une planche avec six cases ou plus. Le décor contient assez de détails pour être vraisemblable, mais pas trop, afin de ne pas nous distraire de l'action. Il y même moins de détails pour les plans d'ensemble dans les cases de taille relativement petite. Il nous donne quand même un contexte, comme les affiches de rock dans la chambre de Marie, ou l'ampoule suspendu du plafond dans l'immeuble du ex-copain d'Adrienne. On utilise aussi beaucoup de suspense avant qu'on ne tourne la page, comme le moment où Marie cherche Tatiana qui a disparu.

Pour le scénario, rien n'est trop explicite {un changement rafraîchissant de Barbarella}; beaucoup est suggéré, même s'il est déclaré plus tard. Nous découvrons peu à peu que Tatiana est ukrainienne à cause de sa mauvaise grammaire, le fait qu'elle dit « niet », ses bulles qui contiennent soudain le cyrillique, et enfin on l'annonce. Pour la fuite de Tatiana, nous voyons la tête de Marie avec un regard apeuré, et l'onomatopée de la mobylette qui part. Comme cette case est à la fin d'une planche, ça contribue aussi à la suspense susmentionnée.

La musique en cyrillique m'amuse beaucoup, et le contraste entre ce contexte et la violence est intéressant; à un moment, la chanteuse fantôme à l'arrière-plan devient tangible en prenant le père dans sa main. Il y a aussi un changement temporel, parce qu'on emploie quatre cases sur deux planches, chacune montrant une ou deux seconds, pour donner un effet « ralenti ». La prochaine case prend deux planches et nous montre le grand moment quand on s'aperçoit que le père et mortellement blessé {bien que nous trouvions plus tard qu'il va bien, en fait}, et ça nous force de nous concentrer sur ce moment, qui est évidemment très important. Nous avons une vue d'ensemble un peu penchée, pour montrer peut-être la grande bousculade de leur vie.

Sur la planche 21, nous voyons la forêt en plan d'ensemble avec une utilisation de l'espace négative plus évidente que d'habitude parce que le noir de la forêt prend la plus grande partie de la case.

Sur 23, la forêt devient de plus en plus noir avec de plus en plus d'espace négative pour montrer que la nuit tombe.

Sur 29, il y a une case qui se passe dans l'imagination de Marie {avec le conducteur de l'autobus}; la code pour montrer ce phénomène et, plus tard, pour montrer l'utilisation des retour en arrière est une case entourée par des lignes en gribouillis.

On utilise aussi des niveaux de dessin, avec l'avant et l'arrière-plan qui se contrastent, comme sur la planche 38.

Sur 46 il y a un joli contraste entre les deux femmes, l'une avec le sweat et les cheveux noirs qui marchent les mains dans les poches et l'une avec le sweat blanc et les cheveux blonds {nous imaginons; bien sûr, en réalité, ils sont blancs ici} qui marchent les mains en balançant les bras, mais les deux ont le même expression sur leur visage.

Sur 52, on utilise un effet de lumière qui encercle Marie avec le reste de la case en noir pour montrer qu'elle se sent isolée; ici elle est littéralement isolée.

Il y a des légendes pendant que Marie raconte l'histoire de son père et Tatiana, et la partie de l'histoire que nous connaissons déjà se passe pour nous entre deux planches, parce qu'on tourne la page et Adrienne signale qu'elle a entendu tout ce qui s'est passé.

La main de la mère sur 72 me fait penser de la mauvaise belle mère de Cinderella.

La dernière case sur la planche 87 me semble être un jeu de mots, peut-être - on est foutues? :)

Il y a deux séquences qui me confondent un petit peu, c'est celle avec le chat qui chasse le pigeon - est-ce qu'une préfiguration? Et celle avec la chenille qui métamorphose à un papillon avec des ailes aux crânes. Je crois que les deux sont des préfigurations, parce que ce qui arrive juste après, c'est le décalage entre les filles. Par exemple, sur la planche 100, on voit que les yeux de Marie ont beaucoup changé, pour représenter sa perte d'innocence.

À la fin, le sens de « girl power » et le rapport entre les deux femmes reviennent; ce qui importe, c'est ce lien-ci et non celui entre les femmes et leurs amants - elles peuvent se faire confiance l'une à l'autre, même si elles ne peuvent pas le faire avec personne d'autre.

Le côté « film noir » de l'album revient à la fin avec la prostituée, peut-être pour nous rappeler que le monde n'est pas joli quand même.

Libre comme un poney sauvage

Le blog de Lisa Mandel est drôle; elle l'utilise pour amuser ses lecteurs aussi bien que pour leur donner des nouvelles, comme le petit annonce pour « Esthétique et filatures ». Il y a beaucoup de petits trucs amusants et utiles, aussi.

Pomier, ch. 27-28

J'ai déjà écrit à propos le chapitre 27 {voir dessous}.

Le roman-photo s'apparente-t-il à la bande dessinée?

Voici quelques exemples du roman-photo qu'a cité Pomier.

Fugues de Benoît Peeters et Marie-Françoise Plissart:


Fluide glacial, un magazine de Bruno Léandri qui a les « BDPhotos » {ici, on fait une blague sur les velib' qu'on trouve partout à Paris}:

et L'Os du gigot de Gregory Jarry:

Alors, oui, ça ressemble à la BD, bien sûr, mais ce n'est pas tout à fait la même chose. Dans la BD, on peut créer n'importe quel décor et changer de milieu de l'action; on peut même avoir du décor qui ne représente pas quelque chose de réel de notre monde.Et ce n'est pas hors de question de ne pas avoir de décor, alors que dans le roman-photo il faut créer le décor ou choisir un vrai endroit.

Comme écrit Pommier, il y une certaine distance entre le lecteur de la BD et sa lecture, parce qu'on perçoit que ce n'est pas « réel ». Dans le roman-photo, le personnage est un « acteur » auquel on peut s'identifier, et les restrictions auquel sont évidentes et concrètes dans nos têtes. Nous ne croirions jamais qu'un humain que nous percevons immédiatement comme un humain comme nous pourrait, par exemple, flotter.
La temporalité est aussi mise en doute par la réalité d'un roman-photo, alors que dans une BD c'est tout à fait normal pour un personnage de passer d'une époque à une autre.




Ici, dans Le Photographe, les photos démontrent qu'il y a quelqu'un qui regarde {et photographe} les personnages:
Dans une BD, on peut être automatiquement omniscient sans que le lecteur cherche un personnage auquel attribuer ce point de vue.


Enfin, il y a Jean Teulé, qui utilise des photos comme point de départ pour ses dessins:

Ça me fait penser du technique de « matte painting » qu'on utilise dans les films, comme 300 {adapté d'un BD!}



dimanche 19 octobre 2008

Groensteen p. 46-47

Ne les confondons pas

Le cinéma et la BD, bien qu'ils aient beaucoup en commun, sont surtout différenciés par le son et le mouvement {cinéma les a tous les deux, BD n'en a pas}.

Mais la BD peut suggérer le son et le mouvement avec des onomatopées et des traits.Ici, le coup de fusil est suggéré non par une onomatopée comme « bang », mais avec le son et la fuite de l'oiseau dans la troisième case.



Par contraste, vers 1:20, il y a un coup de fusil avec le vrai son {on pratique le passe-temps favori de Sarah Palin}.

Dans la BD, on peut scrutiner les images, faute de mouvement.

Ici, par exemple, on peut examiner la chambre de ce personnage.

Dans le cinéma, les images passent vite. Regardez ce clip de 9:35 à la fin {Désolée que ce soit en espagnole, mais le dialogue n'importe pas dans ce cas}. Est-ce que vous voyez le message presque subliminal?




Influences réciproques

BD influence quelquefois les cinéastes, par exemple Steven Spielberg, ou les films "From Hell", "V for Vendetta", et "Sin City", adaptés des BDs des mêmes titres.

Et le cinéma influence également la BD, avec des prises de vue exceptionnelles, ou l'organisation des cases comme des montages.

De la planche vers l'écran

Voici l'Arroseur arrosé des frères Lumière, inspiré par l'imagerie Quantin.



La BD a inspiré beaucoup de films, comme Spider-man et Daredevil, le premier étant bon et le dernier épouvantable.

De l'écran vers la planche

Les BDs sont aussi inspirées quelquefois par des films; La petite Shirley est visiblement basée sur la vedette Shirley Temple.Il y a aussi des films qui ont devenus des BDs, comme "Alien vs Predator".


samedi 18 octobre 2008

Barbarella

Tout d'abord, Barbarella est évidemment une femme idéalisée, avec son "disdain for needless clothes" et qui "rewards, in her particular fashion, all the handsome men she meets during her adventures".

Le style est intéressant; les dessins sont en noir et blanc avec du violet pour accentuer. Dans quelques dessins, le violet semble représenter les ombres. Il y a beaucoup de hachure, qui donne à la planche un air d'inachevé, mais aussi j'éprouve un sentiment de BD classique des États-Unis, comme les comics, où les personnages sont humanistiques, mais pas tout à fait humains, parce que leurs expressions ne leur donnent pas l'air humain; je pense que c'est surtout à cause des yeux, qu'on ne dessine pas très clairement au lieu de les utiliser pour exprimer les émotions du personnage. Forest emploie le dialogue pour montrer cela, e.g. "You seem sad when you say that!"

Forest utilise aussi des légendes qui décrivent ce qui se passe dans les cases. Sur la deuxième planche, il y a des rosiers à l'avant-plan, ce qui symbolise peut-être la féminité du personnage principal. Comme il y a plus de personnages, des bulles remplacent les légendes.

"The roses are withering" - la perte d'innocence? La case {#4} avec Barbarella sous le rosier qui meurt ressemble à un cœur.
Hmm, évidemment, ce n'est pas difficile pour Barbarella de perdre ses vêtements.

Quelquefois, le dessin est si clairsemé que quelque chose à l'arrière-plan disparaît presque complètement, comme dans la cinquième case de la troisième planche où les personnages font un tour du cité.

Les prises de vue sont, d'habitude, assez traditionnelles - on montre les personnages qui se parlent, qui marchent, etc. mais Forest utilise des niveaux de perspective, comme avec les fleurs à l'avant-plan et les personnages à l'arrière-plan. Il y aussi un peu de hors-champ, quand il montre les bâtiments où sont les personnages qui parlent, et leurs bulles qui viennent du bâtiment.

Ah, les scènes de romance obligatoires...

Les dialogues sont un peu mièvres - "You prefer to cultivate decency", etc. On se moque de soi, ici, comme avec le "revolver" avec un "misplaced sense of the dramatic".

Je ne suis pas surprise que les Orhomrs l'aient déshabillée. Et dans la dernière case de la sixième planche, elle est dans la position de la levrette. Charmant.

L'expression "galactic esperanto" est marrante.

En tant que femme libérée, Barbarella peut embrasser Dianthus et puis se coucher avec son ami Dhan le même jour. Vive la révolution.

Ooh, "a powerful narcotic...extracted from a giant poppy". Sur la terre, on appelle ça "opium". L'intention de Dhan me semble être une référence à la guerre chimique. Comme Forest l'a créée dans les années 60, si cette BD était américaine, je croirais que cette partie était une petite protestation contre la guerre, mais je ne sais pas.

Ah, comme les "poor, defenseless women" ne peuvent pas vaincre le surveillant, elles utilisent leurs corps pour le séduire et le distraire, comme le stéréotype américain des femmes qui se font forcer à se ranger sur le côté.



Et puis l'image du surveillant dans un rosier, le symbole quintessenciel pour la sexualité féminine. Pensez aux, hum, "fleurs" de Georgia O'Keeffe. C'est drôle, aussi, que Barbarella le laisse là en parlant des armes...je trouve qu'elle a bien maîtrisé son propre arme.

L'intrique est un peu disjoint entre les planches. Quelque chose est en train de se passer, puis on tourne la page et la scène a presque complètement changé.

Oh, là là. Sur la planche 11 se trouve un vaisseau extrêmement phallique...et le capitaine s'appelle Dildano, comme une variation sur le mot en anglais pour "gode".

On parle de Medusa, qu'on ne peut pas regarder dans les yeux, comme celle de la mythologie grecque.

Dildano utilise un des rosiers de sable pour vaincre Medusa; la pouvoir des femmes est partout.

Ah! Soudain, la couleur qui surligne les dessins est jaune. Est-ce qu'il y a moins de pouvoir féminine? Ou peut-être que ça indique que les héros ont des ennuis.

La feuille morte sur la 21ème case semble être à l'avant-plan, donc nous ne sommes pas sûrs si c'est vraiment très grosse ou de taille normale.

Sur la 22ème case l'organisation est un peu ambiguë, donc Forest nous donne deux flèches pour indiquer où aller.

Quand Barbarella boit de l'eau sur la 23ème case, l'image fait penser à la pipe.

Encore, avec les taupes, il n'y avait pas de référence pour déterminer leurs tailles, mais quand Barbarella tombe là-dessus, nous voyons qu'ils sont vraiment énormes.

Ah, l'homme qui est mal ressemble à un homme des cavernes; quand il l'appelle un « wench », ça nous dit qu'il n'y a que les primitifs qui pensent que les femmes ne sont pas égales. De plus, elle a coincé son arme phallique, symbole de son pouvoir masculin.

Je ne comprends pas pourquoi elle est « demoralized » en accompagnant Klill. Parce qu'il travaillait avec le chasseur, ou parce qu'il est moche et elle ne veut pas se coucher avec lui?

Les femmes de Yesteryear sont les femmes réprimées du passé, un destin que Barbarella a échappé, grâce à la révolution sexuelle! Quand elle s'habille un peu de plus, nous voyons qu'elle ne se conforme pas - son nouveau costume nous laisse voir ses fesses {planche 32}.

Cette région du planète est très « punk à vapeur »; c'est cool.

Je ne sais pas pourquoi, soudain, on parle du langage des années 50 - « to boot », « chick », etc.

Un autre changement - la couleur est maintenant vert, à la ville putride de Sogo.

Bon, je pense que j'ai touché sur les plus grands éléments de cette BD - les couleurs qui soulignent et qui marquent le changement des épisodes, le vocabulaire scientifique comme « galactic esperanto », le fait que ce n'est pas très féministe en fin de compte, et l'ironie dans le texte.

mardi 14 octobre 2008

Pomier ch. 32, 35-39

Peut-on parler d'une « politique des auteurs »?

Pomier dit que l'anonymat est essentiel si on veut être considéré un « auteur » de bande dessinée, et cite Carl Barks {qui a créé Picsou} et Siegel et Shuster, les créateurs de Superman. Ça me fait penser un peu de l'écorché vif, qui souffre en silence et qui est martyrisé comme Elliot Smith; l'idée qu'il faut rester anonyme et non reconnu pendant des années me semble un peu ridicule. Hitchcock n'a pas été anonyme; en fait, il a paru dans tous ses propres films.
Pomier dit aussi que seul un artiste dont le dessin est coloré et encré par quelqu'un d'autre peut faire du travail reconnaissable comme celui de lui-même, comme Bill Sienkiewicz {voici quelques exemplaires de son travail}.
Par contraste, il y a les séries dessinées par plusieurs artistes différents, comme Superman {voir ce message}. C'est un peu comme les émissions de télévision qui changent au cours des années; dans ce cas-là, on voit les introductions différentes pour la même série qui a été vendue par Nickelodeon à Disney.

Dans les cas où change le scénariste ou le dessinateur alors que l'autre reste, on a tendance à choisir ce qui est loyal - ce qui reste avec la BD - comme auteur. Pensez à Crosby, Stills, Nash, et Young. En regardant ce lien, il ne faut que lire le titre afin de comprendre ce qui ne fait plus partie du groupe.

Enfin, il y a les associés qui partagent tout, comme Dupuy et Berberian {qui partagent même l'adresse de leur site web}. Cette collaboration, où l'on ne peut pas savoir à qui chaque idée appartient, est vu aussi dans le monde de cinéma, avec les frères Wachowski ou les frères Coen, par exemple.

Réalisme ou « gros nez »?

Je suis tout à fait d'accord avec Pomier en ce qui concerne la dichotomie des mondes « réalistes » et « humoristiques ». Avant de parler de ce dont parle Pomier ici, je pense qu'il faut demander: quand un créateur de bande dessinée décide de la commencer, est-ce qu'il {ou elle} se demande dans quel monde sera sa BD? Je pense que non. Si l'on veut séparer le champs de bande dessinée, il lui faut beaucoup plus que deux genres.

Le style « gros nez » va prétendument avec le genre humoristique, y compris le travail d'Uderzo,
Greg,et Florence Cestac.

Il y a plusieurs autres BDs que cite Pomier comme des BDs humoristiques à cause de la rondeur de leur dessin. Mais...si l'on désigne le genre d'une BD selon la forme du dessin, que dirait-on de Koma, avec sa mignonne héroïne aux grands yeux, et son message assez noir, que le monde industrialisé n'a plus rien pour nous, et qu'une jeune fille ne peut même avoir une enfance? Est-ce humoristique? Ou bien, les dessins politiques, comme celui-ci:

Bien que les personnages aient des gros nez, le message est sérieux. Donc, avec cette dichotomie, comment appellerait-on ce dessin? « Réaliste, mais avec de l'humour et des gros nez? »

Il est certain qu'il y a des BDs qui s'organisent dans ces deux genres, mais ce n'est pas toujours évident, comme avec celles où l'on mélanges les styles, par exemple dans Le Petit Christian:
Ici, il est évident que Blutch est bien capable de dessiner quelque chose de « réel », étant donné l'image au deuxième strip de l'homme qui crie, mais c'est difficile de mettre la BD dans un genre particulier.

Je conclus ce chapitre avec un petit visionnage. Quand on analyse la poésie {ou la BD}, est-ce qu'on peut la considérer avec des chiffres et des graphiques?



Couleur ou noir et blanc?

Je trouve que, d'habitude, le choix entre couleur et noir et blanc s'agit de deux choses l'une: soit le temps de colorer manque {ce qui ne peut pas être le cas pour beaucoup d'autres formes d'art, comme la peinture, le cinéma, et la photographie}, soit l'artiste veut s'exprimer dans un style particulier; le noir et blanc est souvent associé avec l'antiquité, la simplicité, l'élégance, etc., et la couleur est bien utile en ce qui concerne le symbolisme {noir = la mort, ce qui n'est pas certain, le mal, etc.}.

Choisir un coloriste qui peut préserver le trait d'un dessinateur est important; sinon, ce que veut montrer le dessinateur peut être perdu pour toujours. Voici le travail d'un coloriste soigneusement choisi, Anne Delobel:Bien qu'on n'ait pas vu la version d'avant {sans couleur}, j'ai l'impression qu'elle a bien préservé les intentions de Tardi, et c'est pour ça qu'il se fie à elle.

Il y a aussi les « maîtres » du blanc et noir, comme Hugo Pratt {la hachure et les ombres sont surtout impressionnantes}:

Grâce à la technologie, il y a des BDs dont la couleur est bien maîtrisée et ne gâche pas du tout le dessin, comme celles d'Alex Barbier:



On a parlé également de Feux de Mattotti comme une œuvre où la couleur est bien utilisée, mais ce que j'ai trouvé surtout intéressant, c'était le fait qu'il emploie la synesthésie {par exemple une voix « de verre »}. Quoique je croie que vous en avez déjà entendu, ce terme décrit aussi une condition neurologique qu'a l'un de mes amis, qui me parle quelquefois des couleurs des numéros; je me demande s'il y avait jamais des auteurs de BDs avec cette condition.

Finalement, il existe aussi des BDs qui utilise la couleur {ou la couleur et le noir et blanc} avec des buts spécifiques, comme l'épisode de Théodore Poussin

dans laquelle on parle de la jeunesse du héros:

L'action se déroule, dans un sens, dans un monde de rêves, comme celui de Dorothy du Magicien d'Oz, où l'addition de couleur change tout {bien qu'ici, c'est seulement la façon dont on emploie la couleur}.

Voici un extrait de La Tour de Peeters et Schuiten, avec un mélange de couleur et blanc et noir:



Ça n'est pas la seule façon dans laquelle on mélange les styles de couleur, ou le blanc et noir avec la couleur; on pourrait trouver plusieurs exemplaires.

Voici une séquence émouvante du film "Schindler's List" qui utilise cette technique.




Qu'est-ce qu'un style?

Pomier parle ici des styles de plusieurs créateurs de BD; je ferai une petite liste afin de ne pas trop écrire.

1. Le style lexical, e.g. la diction dans l'œuvre de Gotlib


Ici, Gotlib emploie le verbe « se chamailler », que j'ai jamais vu avant, et je pense même qu'il se moque de soi un peu, parce que Wothan est un dieu scandinave et le dieu ici parle de l'humour juif {et lui aussi, il est juif}.

On peut aussi employer les jeux de mots, l'argot {utilisé un peu dans Monsieur Ferraille et Koma}, le langage raffiné, etc.

2. Le genre funny animals {vu très souvent chez les studios Disney}

3. la réorganisation du corps humain, comme l'exagération des muscles de Tarzan, ou la représentation architecturale de Schuiten

4. les codes de Réseau Madou, où les personnages étudient des codes de bandes dessinées et le style s'adapte à eux {comme c'est poste-moderne!}


On voit ici les « hachures » dont il parle dans le dessin même.

5. Il y a des auteurs qui changent leur style dans chaque nouvelle BD, comme avec deux oeuvres différentes de Moebius.

6. Il y a des auteurs qui changent leur style dans le même album de BD, comme dans Kitaro


Ici, le décor est beaucoup plus détaillé que ne le sont les personnages, comme la juxtaposition du monde réel avec les dessins animés dans le film "Who Framed Roger Rabbit?" {« Qui veut la peau de Roger Rabbit? »}


Parodie, hommage, ou plagiat?

Nous avons vu beaucoup d'autoréférentialité dans Monsieur Ferraille, avec ses reproductions de Velma, la Fée Bleue, et Batman et Robin, par exemple, et les études de style nous montre que beaucoup de bédéastes imitent leurs collègues ou leurs « ancêtres », si vous voulez, dans le monde de BD; Pomier nous donne les raisons, et beaucoup d'exemplaires de ce phénomène.

D'abord, on a pour les influences des anciens bédéastes et leurs travails, comme avec Blueberry. Voici une image par Jijé, le créateur:


et puis, une autre, dessinée par Gir, imitant ce style:

Les différences entre les deux sont visibles: il y a plus de hachures dans celle de Gir, et l'épaisseur de son trait est plus fine, mais les deux dessins se ressemblent beaucoup.

Pomier dit aussi que les créateurs de BD imitent les autres bédéastes pour célébrer leur passé {soit avec un hommage, soit avec une parodie}. Il en donne plusieurs exemples, mais je ne vais montrer qu'un, parce que ce message est très long et ce n'est pas un concept compliqué.

Voici une planche de Little Annie Fanny de Harvey Kurtzman, une parodie, bien sûr, de Little Orphan Annie.

Et peut-être de Marilyn Monroe aussi?



Pomier parle aussi des auteurs de BD qui empruntent des thèmes ou des styles d'autres seulement et créent leur propres œuvres, une sorte d'imitation qui n'est pas toujours évidente, comme avec Phil Casoar qui imitait le Louis Forton dans ses œuvres sur Benoît Broutchoux.

Imiter quelqu'un d'autre peut être vu comme le plagiat quand on l'utilise trop, mais les références subtiles sont d'habitude appréciées, comme dans les sketch de John Belushi en Joe Cocker.





La bande dessinée doit-elle être « bien dessinée »?

En parlant du style, j'ai affiché une image de Blutch, qui utilisait à la fois un style simple et un qui était plus réaliste. Au lieu de montrer tous les exemples donnés dans ce chapitre, je vais dire ça: une BD, si elle accomplit son but {donner un message, raconter une histoire, montrer des belles images}, est un succès, aussi « moche » qu'elle soit. Pomier fait mention de Reiser, qui a un style peut-être primitif, mais élimine toujours le superflu. Même si un bédéaste n'utilise pas tout son talent de dessin dans ses œuvres, il ne faut pas considérer ce travail raté.


dimanche 12 octobre 2008

Pomier, ch. 21-23, 25-27

Comme mes messages sont souvent TRÉS longs, je vais essayer de les faire un petit peu plus courts, mais je ne promets rien.

Est-il possible de ne pas parvenir à lire une bande dessinée?

Évidemment, de ce qu'on a dit, la BD a des codes qu'il faut connaître afin de les comprendre
complètement.

On fait référence à Lewis Trondheim, un strip duquel j'ai montré dans ce message; je l'ai trouvé tout à fait illisible à cause du rapport entre les cases, qui n'était pas du tout clair.

En général, oui, il faut être familier avec les codes. J'ai vu une évolution de cette sorte e
ntre les âges de quatorze et dix-neuf ans avec le film "West Side Story".



À l'époque, dans ma première année de lycée, j'ai vu ce film et, bien que j'aie déjà commencé à
analyser les symboles, je l'ai trouvé ennuyeux. Cinq ans plus tard, je l'ai regardé et, par exemple, dans les dix premiers seconds de ce clip, j'ai compris et apprécié beaucoup plus, peut-être même plus en dix seconds que pendant tout le premier visionnage. Cette évolution a forcément provenue de ma connaissance des codes de films et de la littérature, gagnée pendant des années de lecture et de regarder les films.

En quoi la question du point de vue est-elle cruciale?


Le point de vue est tellement variable que l'on pourrait en parler pour longtemps. Les exemples qui m'ont intéressé le plus étaient...


Les trois intrigues à la fois de Régis Franc dans Histoires immobiles et
récits inachevés. Ça arrive souvent dans le cinéma ou sur la télé, par exemple pour montrer les participants d'une conversation sur le téléphone. Amusez-vous bien avec le drame du soap américain.



On voit les trois personnages ici en temps réel, bien que l'un d'entre eux ne parle pas.



Il y a aussi les points de vue contradictoires; ici, dans le film "Shallow Hal", le personnage principal est hypnotisé, dès lors il voit la beauté « interne » des femmes et non leurs vrais représentations. On voit donc d'habitude ce qu'il voit, mais le caméra nous montre aussi parfois les points de vue des personnages « normaux », d'où la contradiction.



Il y a aussi l'idée de suspense qui existent à cause du point de vue, par exemple dans Blitz de Floc'h et Rivière. Ces "cliffhangers" créés par le point de vue - dans ce cas, on voit la femme qui s'inquiète et non ce qui l'inquiète - existent aussi dans les films {bien sûr}; voici mon exemplaire préféré {et amenez vos Kleenex}.



Quel rapport s'instaure entre texte et dessin?

Voici un exemplaire de La Terrasse des audiences de Théodore Poussin.

Le rapport ici entre le texte et l'image est très intéressant, parce que ceux qui parlent ne sont pas vus, et celui qui ne parle pas a {ou aura} un rôle important; comme dit Pomier, rien n'est superflu.

C'est comme la case de Koma où on voit la tasse de café, la cuillère, etc., qui nous disent que c'est le matin, sans un mot.

Les héros qui rejoignent le monde des lettres dans Philémon de Fred, me fait penser un peu des clips vidéo comme celui de "Heffalumps and Woozles" de Winnie the Pooh. Ici, personne ne marche sur des lettres, mais on utilise des lettres sur des boîtes {1:32} d'où viennent des personnages, et on mélange les tailles, comme à 2:33 où Pooh devient soudain très petit par rapport aux autres, bien qu'il ait été plus grand auparavant.




Évidemment, la BD peut être muette ou bien pleine de texte qui explique beaucoup
plus que les images, comme dans La bête est morte !, où raconter le récit est beaucoup plus important que le dessiner.

* Ici, il faut que je m'excuse, parce que j'ai fait du travail sur le mauvais chapitre. Si ça vous intéresserait, continuez à lire à partir d'ici; sinon, vous pouvez sauter jusqu'à "Que se passe-t-il entre les cases?" *

Muette ou sonore?

Comme j'ai dit, il y a des BDs plus ou moins muettes qui n'ont pas besoin de texte
pour raconter une histoire, comme Professeur Nimbus de Daix; ici, même les journaux n'ont pas de mots {mais c'est intéressant que le panneau du taxi a un mot pour montrer quelle sorte de voiture il est}.

Et il existe aussi la BD où les images et le texte fonctionnent ensemble {ce qui arrive la plupart des temps}.

Je trouve que c'est comme ça avec le film, où on peut avoir une séquence sans dialogue ni musique {ce clip que j'ai trouvé n'est pas très sophistiqué, mais il illustre ce dont je parle}.



On a parlé aussi du dialogue montré d'une façon pour qu'on comprenne mieux le personnage, comme dans Huckleberry Finn, où Twain a écrit le dialogue de Jim dans un dialecte.

J'ai trouvé aussi cette planche d'une BD basée sur le roman {ci-dessus}.

Que se passe-t-il entre les cases?

L'ellipse de temps qui existe entre les cases peut-être indéfinie, comme dans beaucoup de planches de La bête est morte ! où l'on voit les scènes des « bons vieux temps » ou la guerre par exemple, mais le rapport temporel entre elles n'est pas clair; quelques unes peuvent être à la fois, le prochain jour, ou bien longtemps après.

Il y aussi, bien sûr les ellipses plus évidemment de quelques seconds {ou peut-être moins},


et des ellipses plus longues.
du Black Freighter, la BD-dans-une-BD de Watchmen


Voici un exemplaire d'un film de Brian de Palma, "Soeurs de Sang", avec le style split screen, ce qui nous parle encore du rapport entre les cases. Tout se passe à la fois.







Comment s'organisent les cases dans la planche?

Je pense que, effectivement, j'en ai parlé un peu dans ce message, mais j'ajoute que l'organisation est choisie selon les besoins de l'auteur. Dans les BDs traditionnellement franco-belge, il y a d'habitude entre deux et cinq cases, environ, dans chaque strip, et quelques strips sur chaque planche. On peut aussi jouer avec cette organisation, ce qui est fait souvent dans les romans graphiques {oui, je m'intéresse surtout aux films et aux romans graphiques Sandman et Watchmen, c'est évident}.Ici, le marchand de sable monte au ciel dans la plupart de la planche, mais en dessous il y a une case plus petite avec la réaction de ceux qui l'ont vu avant cette ascension.

Existe-t-il un hors-champ dans la bande dessinée?

D'habitude. Ce n'est pas évident, pourtant, quand les cases ne sont pas séparées.

Le hors-champ, s'il y en a évidemment, peut être manipulé de plusieurs manières; en voici une, puis je vous laisse.Ici, le personnage de Rorschach décrit ses origines, existant hors-champ comme un dessinateur qui parle de son storyboard. On comprend qu'il est là, réfléchissant, bien qu'on ne le voie pas; ce qui aide avec cette compréhension, dans ce cas, est la différence des formes de bulles - les bulles qui viennent du hors-champ sont carrées, et les autres assez rondes.


Introduction à la sémiologie de la BD cartonnée

Recopié au propre

Les changements d'une séquence de Loisel et Tripp nous introduit à la sémiologie. C'est intéressant de voir l'évolution de l'histoire et des symboles employés par les auteurs en lisant la BD; c'est comme si on regardait les story-boards pour un film et le film en même temps ou juste après.




Laissez venir à lui...

Supermurgeman, basé un peu sur Le Journal de la Jungle, est devenu de plus en plus trash; même la comparaison des deux couvertures ici nous montre cela, mais j'aime bien l'utilisation du style brechtien qui théâtralise avec la légende "les fruits grognent".

Trait grave

Voici les deux sourires différents mentionnés dan cet extrait. D'abord, nous avons le sourire idiot...

et puis, le sourire de résignation, où on serre les dents.

L'image de Le peuple des endormis qui est présentée ici est beaucoup plus grave que les autres BDs qu'on vient de voir, comme les romans graphiques par rapport aux autres formes de BD.




vs.

Mon truc en peluche

Cette case vient des auteurs de La Bulle de Bertold, Agrimbau et Ipolitti.

Quand on a mentionné Francis Bacon, j'ai pensé du philosophe; évidemment, c'est pas lui, mais celui-ci.

L'un de ses tableaux, Figure with Meat, m'a fait pensé des couvertures du roman graphique Sandman, et leur mélange de couleurs dans chaque figure dans l'image.



Matière première

L'ambiguïté des trois cases ici me rappelle des images de figures que l'on peut interpréter de deux manières.



Et aussi, le style de « negative space »; ici, il y a aussi deux images possibles.