samedi 18 octobre 2008

Barbarella

Tout d'abord, Barbarella est évidemment une femme idéalisée, avec son "disdain for needless clothes" et qui "rewards, in her particular fashion, all the handsome men she meets during her adventures".

Le style est intéressant; les dessins sont en noir et blanc avec du violet pour accentuer. Dans quelques dessins, le violet semble représenter les ombres. Il y a beaucoup de hachure, qui donne à la planche un air d'inachevé, mais aussi j'éprouve un sentiment de BD classique des États-Unis, comme les comics, où les personnages sont humanistiques, mais pas tout à fait humains, parce que leurs expressions ne leur donnent pas l'air humain; je pense que c'est surtout à cause des yeux, qu'on ne dessine pas très clairement au lieu de les utiliser pour exprimer les émotions du personnage. Forest emploie le dialogue pour montrer cela, e.g. "You seem sad when you say that!"

Forest utilise aussi des légendes qui décrivent ce qui se passe dans les cases. Sur la deuxième planche, il y a des rosiers à l'avant-plan, ce qui symbolise peut-être la féminité du personnage principal. Comme il y a plus de personnages, des bulles remplacent les légendes.

"The roses are withering" - la perte d'innocence? La case {#4} avec Barbarella sous le rosier qui meurt ressemble à un cœur.
Hmm, évidemment, ce n'est pas difficile pour Barbarella de perdre ses vêtements.

Quelquefois, le dessin est si clairsemé que quelque chose à l'arrière-plan disparaît presque complètement, comme dans la cinquième case de la troisième planche où les personnages font un tour du cité.

Les prises de vue sont, d'habitude, assez traditionnelles - on montre les personnages qui se parlent, qui marchent, etc. mais Forest utilise des niveaux de perspective, comme avec les fleurs à l'avant-plan et les personnages à l'arrière-plan. Il y aussi un peu de hors-champ, quand il montre les bâtiments où sont les personnages qui parlent, et leurs bulles qui viennent du bâtiment.

Ah, les scènes de romance obligatoires...

Les dialogues sont un peu mièvres - "You prefer to cultivate decency", etc. On se moque de soi, ici, comme avec le "revolver" avec un "misplaced sense of the dramatic".

Je ne suis pas surprise que les Orhomrs l'aient déshabillée. Et dans la dernière case de la sixième planche, elle est dans la position de la levrette. Charmant.

L'expression "galactic esperanto" est marrante.

En tant que femme libérée, Barbarella peut embrasser Dianthus et puis se coucher avec son ami Dhan le même jour. Vive la révolution.

Ooh, "a powerful narcotic...extracted from a giant poppy". Sur la terre, on appelle ça "opium". L'intention de Dhan me semble être une référence à la guerre chimique. Comme Forest l'a créée dans les années 60, si cette BD était américaine, je croirais que cette partie était une petite protestation contre la guerre, mais je ne sais pas.

Ah, comme les "poor, defenseless women" ne peuvent pas vaincre le surveillant, elles utilisent leurs corps pour le séduire et le distraire, comme le stéréotype américain des femmes qui se font forcer à se ranger sur le côté.



Et puis l'image du surveillant dans un rosier, le symbole quintessenciel pour la sexualité féminine. Pensez aux, hum, "fleurs" de Georgia O'Keeffe. C'est drôle, aussi, que Barbarella le laisse là en parlant des armes...je trouve qu'elle a bien maîtrisé son propre arme.

L'intrique est un peu disjoint entre les planches. Quelque chose est en train de se passer, puis on tourne la page et la scène a presque complètement changé.

Oh, là là. Sur la planche 11 se trouve un vaisseau extrêmement phallique...et le capitaine s'appelle Dildano, comme une variation sur le mot en anglais pour "gode".

On parle de Medusa, qu'on ne peut pas regarder dans les yeux, comme celle de la mythologie grecque.

Dildano utilise un des rosiers de sable pour vaincre Medusa; la pouvoir des femmes est partout.

Ah! Soudain, la couleur qui surligne les dessins est jaune. Est-ce qu'il y a moins de pouvoir féminine? Ou peut-être que ça indique que les héros ont des ennuis.

La feuille morte sur la 21ème case semble être à l'avant-plan, donc nous ne sommes pas sûrs si c'est vraiment très grosse ou de taille normale.

Sur la 22ème case l'organisation est un peu ambiguë, donc Forest nous donne deux flèches pour indiquer où aller.

Quand Barbarella boit de l'eau sur la 23ème case, l'image fait penser à la pipe.

Encore, avec les taupes, il n'y avait pas de référence pour déterminer leurs tailles, mais quand Barbarella tombe là-dessus, nous voyons qu'ils sont vraiment énormes.

Ah, l'homme qui est mal ressemble à un homme des cavernes; quand il l'appelle un « wench », ça nous dit qu'il n'y a que les primitifs qui pensent que les femmes ne sont pas égales. De plus, elle a coincé son arme phallique, symbole de son pouvoir masculin.

Je ne comprends pas pourquoi elle est « demoralized » en accompagnant Klill. Parce qu'il travaillait avec le chasseur, ou parce qu'il est moche et elle ne veut pas se coucher avec lui?

Les femmes de Yesteryear sont les femmes réprimées du passé, un destin que Barbarella a échappé, grâce à la révolution sexuelle! Quand elle s'habille un peu de plus, nous voyons qu'elle ne se conforme pas - son nouveau costume nous laisse voir ses fesses {planche 32}.

Cette région du planète est très « punk à vapeur »; c'est cool.

Je ne sais pas pourquoi, soudain, on parle du langage des années 50 - « to boot », « chick », etc.

Un autre changement - la couleur est maintenant vert, à la ville putride de Sogo.

Bon, je pense que j'ai touché sur les plus grands éléments de cette BD - les couleurs qui soulignent et qui marquent le changement des épisodes, le vocabulaire scientifique comme « galactic esperanto », le fait que ce n'est pas très féministe en fin de compte, et l'ironie dans le texte.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Très belle remarque que celle de la rose en forme de coeur... Et je vois que vous maîtrisez parfaitement l'argot de la sexualité française :(

Mais votre analyse est très juste. Il suffit simplement d'insister, comme je l'ai fait, sur l'aspect ironique et auto-réflexif de certains moments de "Barbarella".